Musique & Rap
J’écrivais mes textes… mais j’osais pas les lire à voix haute
Au début, j’écrivais. Beaucoup. Trop même. Des pages et des pages.Mais personne savait.Et surtout : personne m’entendait. Parce que j’osais pas lire à voix haute. Même pas seul dans ma chambre. 1. Le stylo disait tout, mais ma voix se taisait J’écrivais dans un coin de cahier, sur les pages du fond d’un agenda, dans […]

Au début, j’écrivais. Beaucoup. Trop même. Des pages et des pages.
Mais personne savait.
Et surtout : personne m’entendait. Parce que j’osais pas lire à voix haute. Même pas seul dans ma chambre.
1. Le stylo disait tout, mais ma voix se taisait
J’écrivais dans un coin de cahier, sur les pages du fond d’un agenda, dans un vieux carnet noir qui me servait de coffre-fort. Mes mots, c’était mon refuge.
Mais dès que je pensais à les lire, même juste pour tester le flow, j’avais une boule au ventre.
Pourquoi ?
Parce que ça rend les choses réelles.
Tant que c’est écrit, c’est dans ta tête. Mais dès que tu le dis à voix haute, ça devient vivant. Et moi j’étais pas prêt à assumer ce que j’avais là-dedans.
2. J’me cachais même de moi-même
Y’avait un miroir dans ma chambre. Un grand, collé à la porte de l’armoire.
Parfois j’me mettais devant, j’ouvrais mon carnet, et… j’lisais dans ma tête. Sans oser bouger les lèvres.
Comme si j’voulais pas m’entendre. Pas confronter ma voix à mes propres textes.
Peut-être parce que j’avais peur de pas être à la hauteur.
Ou pire : que ce que j’avais écrit soit plus fragile que ce que je prétendais.
3. Le jour où j’ai dit un mot. Puis deux. Puis une phrase entière.
Un soir, je sais pas pourquoi, j’ai fermé la porte à clé. J’ai attendu que tout le monde dorme.
Et j’ai lu un bout de texte. Pas fort. Mais à voix haute.
Et là j’ai ressenti un truc de fou.
Comme si le texte sortait vraiment de moi. Comme si, pour la première fois, j’étais pas juste un gars qui écrit. J’étais un gars qui commence à rapper.
Depuis ce jour-là, j’ai compris un truc :
Les mots que t’écris te sauvent, mais ceux que t’oses dire te transforment.
4. Aujourd’hui, j’me rappelle ce silence
Aujourd’hui je monte un projet, j’écris des textes que je publie, je prépare un album.
Mais je viens de là.
De ce silence.
De cette voix bloquée dans ma gorge.
Et c’est peut-être pour ça que maintenant, chaque mot que je dis, je le dis pour de vrai.