Un jour, j’ai volé un truc… pour le redonner après

On était gamins. Et quand t’es gamin dans une vie où y’a pas grand-chose, t’apprends vite la tentation. Pas celle de faire du mal. Juste celle d’avoir un peu plus, même pour un instant.

Ce jour-là, j’avais rien demandé. J’étais dans un petit magasin de quartier avec un pote. Il a glissé un paquet de bonbons dans sa manche, m’a regardé, et m’a dit :

« Vas-y, t’as qu’à faire pareil. »

J’ai hésité. Puis j’ai copié. Pas par envie. Par honte de dire non.

La peur du regard des autres, c’est plus fort que la peur de se faire choper

Sortir du magasin avec un truc volé dans la poche, ça te donne pas l’impression d’être un voyou.
Ça te donne l’impression d’être quelqu’un. Un mec “comme les autres”.
Mais à peine dehors, j’ai senti un poids. Pas dans la poche. Dans le ventre.

J’ai rigolé avec les autres, j’ai marché deux rues avec eux…
Et puis j’ai dit que je devais rentrer.
Je suis retourné en arrière.

Reposer un paquet, en tremblant

J’ai attendu que le gérant parle à une cliente. J’ai fait semblant de regarder les étagères.
Puis j’ai glissé le paquet de bonbons volé entre deux articles, là où il était plus ou moins à sa place.

Je suis sorti en marchant vite. Le cœur battait fort. Pas parce que j’avais peur de me faire griller.
Mais parce que, pour la première fois, j’avais fait un vrai choix.
Un petit, mais un vrai.

C’est rien. Mais c’est moi.

J’ai jamais raconté cette histoire. Parce que comparé à d’autres trucs, c’est rien.
Mais moi je m’en souviens.

Parce qu’elle dit quelque chose. Sur la honte, sur la fierté, sur le choix.
Parce qu’elle dit que même quand t’es gamin et que t’as rien, t’as toujours le droit d’essayer d’être quelqu’un de bien.